L’histoire d’Anna

— Bonsoir Annette,

Je suis sidéré de voir comment dans un si bon reportage tout à l’air de couler de source : autant les planches semblent se tenir aux autres, s’épouser, s’emboîter que vous avez l’air d’avoir tout fait en un court laps de temps, parfaitement coordonnés, dans l’entente et la bonne humeur. En y réfléchissant bien, j’imagine qu’il y a beaucoup d’échanges, de dossiers, de sueurs chaudes ou froides pour en arriver à la dernière photo, en passant par la collaboration de tous ceux qui ont porté ce Magnifique bateau, une grande œuvre d’une Magnifique équipe autour d’Annette.

Merci pour ce beau spectacle en quelques photos très bien choisies, j’avoue que je suis ébloui pour une fois au sens propre et figuré par un écran : ça me donne envie d’ouvrir une bouteille de cidre de chez nous à la santé d’Annette !

Mille bisous, je suis fier (très) d’Annette.

(Moi qui bois très rarement, j’ai fêté ça avec trois verres de cidre !)

PS : Je ne sais pas si je vais en laisser pour Christiane on en ouvrira une autre…

 

— Bonjour Dadu,

Merci d’avoir fêté au cidre le baptême de l’Annette et de tes appréciations aux mots si choisis.

Oui, le temps pour réaliser ce bateau en quinze jours comprenait aussi le temps du projet : un an avant, nous savions que le Défi des Ports de Pêche allait être au Grau du Roi et qu’il fallait y faire quelque chose : parce que le travail d’insertion et de navigation de Siloé est à partir des vieux bateaux de pêche d’autrefois et qu’il fallait saluer d’une façon ou d’une autre la mémoire des pêcheurs du Grau du Roi. C’est la responsable culture de la mairie qui nous a proposé une démonstration de charpente de marine en public pendant la fête. Nous avons proposé la construction d’une nacelle pour naviguer sur les étangs (facile à construire dans le délai de la semaine de fête en mobilisant l’équipe), alors les pêcheurs ont demandé : - « Mais pourquoi pas une nacelle plus grande pour aller en mer ? » On a répondu : « - Parce que ça coûte plus cher ! » Alors s’est mise en place une négociation avec le GALPA (organisme de financement régional et européen pour aider les pêcheurs à proposer des solutions contre les difficultés de la pêche actuelle) (Siloé fait aussi partie des réunions de concertation de ce GALPA, ainsi que la mairie) et donc a été voté le plan de financement de la grande nacelle. Siloé a commandé le bois et préparé les plans du chantier, l’équipe s’est mise à l’œuvre à l’atelier la semaine précédant la fête, puis a terminé la nacelle en public du lundi au samedi, certains jours assez tard le soir. La nacelle a été mise à l’eau « peinture fraîche » ! et certaines retouches peinture ont été faites le mardi suivant la fête.

Voilà ! La belle histoire, à ta santé et à celle d’Annette !!

Pour mémoire : je m’appelle Annette parce que ma grand-mère et marraine s’appelait Anna. Elle était née au Grau du Roi en 1895 d’une famille immigrée de pêcheurs italiens. L’arrière-grand-père était venu d’Italie avec sa barque pour essayer de sortir de la misère (à l’époque, il y avait beaucoup de poissons au Grau du Roi), mais la vie y était dure : le père de ma grand-mère, pécheur lui aussi, est mort écrasé entre deux bateaux. La même année, sa mère est morte de tuberculose, ma grand-mère avait 7 ans. Cette année-là, le Grau du Roi était un village de cabanes où la malaria et la pauvreté ravageaient la population. Ma grand-mère s’est louée dans une ferme comme petite bonne pour survivre mais le Grau du Roi est resté malgré tout dans la mémoire familiale.

C’est pourquoi dans mon esprit, la barque s’appelle plutôt Anna.

Bonne journée,

Annette

 

— Merci, Annette, pour ces deux belles histoires vraies autour d’Anna, dès le réveil cela m’émeut et je ne sais plus quoi dire.

En tout cas, je suis fier pour vous de votre œuvre du Grau du Roi, et je te remercie pour ce partage authentique.

En ce moment, moi qui nage facilement dans des idées noires avec ma maladie, grâce à la qualité de mon entourage - j’ai toujours aimé les gens (jusqu’à les protéger) - avec vous et ceux que je fréquente, je retombe amoureux d’eux, un peu comme si à une période qui a trop duré, j’en étais incapable, incapable de croire en eux.

Je partage ce texte avec les gens que j’aime si tu veux bien, c’est une si belle histoire !

Mille bisous,

Dadu

 

— Merci, Dadu, de ton partage.

Il n’y a pas grand-chose à ajouter sauf que c’est doux de partager.

Je vous embrasse,

Annette