Damien Siobud: Deux Lettres

« Il me faut me satisfaire de donner du sens à l’histoire présente pour sortir de l’absurde. Là est la responsabilité. Ne puis-je pas être heureux de participer à une his-toire qui n’a peut-être pas d’avenir, mais qui a en tout cas un présent, celui de cons-truire quelque chose d’au moins un peu plus humain ? Il se trouve que je vis dans une humanité ô combien imparfaite. Je peux contribuer à sortir, ne serait-ce que très partiellement, de cette imperfection. » 

Albert Jacquard

 

I) Je t’aime et dans la dignité

Madame Coul, curatelle de Christelle Go,

J’attends de connaître ma part d’indu de l’impôt que je dois toucher. Je suis en fait d’autant plus surpris de cette remise en question du montant de cet indu qui me revient (c’est la colonne Monsieur où il y a écrit quatre cent quatre-vingt-neuf euros) qu’en 2012, quand l’AT (l’association tutélaire) s’est trompée dans la déclaration de res-sources, ni réellement Christelle ni l’AT ne s’est intéressé aux six mille deux cents euros demandés, et ceux-là n’ont pas été partagés, nous n’avons reçu aucune proposition non plus. Pourquoi ce manque de confiance, de vous bien sûr, mais aussi de Christelle ? Ce sont mes impôts ! D’une erreur de déclaration de l’AT découlent six mille deux cents euros que j’ai dû payer ; quand normalement je dois toucher un remboursement d’impôt en dessous de ce montant, on met en doute l’affirmation du Trésor public.

Pour qui vous prenez vous ? Chez nous personne ne porte la culotte, pas plus vous qui ne pouvez disposer impunément de mon argent. Christelle et moi avons décidé de partager tout, je ne comprends pas votre logique, pourquoi, cette question d’argent est-elle posée à ma conjointe et pas à moi, qu’espérez-vous, qu’attendez-vous de Christelle, cette question n’est pas une question pour elle mais pour moi, puisque c’est mon argent qu’il s’agirait de partager !

Je suis prêt à donner mon préavis de départ du 11 place de la Pléiade et ne compte pas vous informer si la lettre part.

MAINTENANT, réfléchissez avec les bonnes données :

Si je quitte la Flèche, demandez-vous si l’affaire s’arrêtera là et si vous aurez autant de facilités à justifier le nouveau taux de prélèvement sur le revenu de Christelle de 8,5 % (soit 1,5 % de taxe pour elle de plus).

Voilà, ou il ne s’est fait aucune transmission de cette affaire (six mille deux cents euros d’indu, vécu comme sanction pour avoir travaillé à mon compte comme adulte handicapé), ou les inepties ne font peur à personne, même pas à moi : devoir quitter sa conjointe pour souligner la bêtise administrative QUE VOUS RISQUEZ DE M’INVENTER, différente de celle faite par une autre que vous, il y a six ans !

 

Ma Christelle,

Essaie juste de comprendre que l’A T, avec ses côtés faux-cul :

1- J’ai envie qu’ils justifient le 1,5 % de taxe qui se rajoute régulièrement ;

2- J’ai envie de voir leur vraie gueule si on devait se marier un jour, car je ne me leurre pas, ce ne sont pas des parents ni des beaux-parents, mais une calamité qui nous pourrira la vie si on ne s’impose pas à eux ;

1+2- Je n’ai pas envie de me laisser faire et j’espère que toi non plus : on est très capables tous les deux de savoir comment on doit répartir nos sous, TU N’ES PAS CONNE (rappelle-toi la visite devant le juge, comment ça a été expédié, et sans ton PACS), ET MOI NON PLUS.

On en parle dans le VSL , pas sur le net ;

3- Que cette façon de s’imposer, de madame Coul, tombe, SURTOUT sans en avoir l’air, au moment d’une fin de vie d’un parent n’est pas obligatoirement un hasard ! Si comme moi, tu as une dignité, on se bat tous les deux pour décider de notre argent et si on veut donner cet argent à une bonne œuvre, CELA NE LES REGARDE PAS !

J’en ai rien à foutre de deux cent quarante-cinq euros, ou du double (quatre cent quatre-vingt-dix (ou neuf) euros), je sais que c’est moi qui en décide, c’est ce qui me revient, mais qu’ils profitent du fait que tu ne saches pas compter jusqu’à six mille deux cents, c’est abuser de nous deux, en te posant la question à toi de ce qui doit être fait de ces quatre cent quatre-vingt-neuf euros ! Bien sûr qu’on partage, mais c’est à moi d’en décider !!

JE T’AIME ET DANS LA DIGNITÉ

Signé : Pierre Grand

 

Voilà, je ne sais pas si « Miss stress » Coul est contente de son petit test, je constate que peu de monde ordinaire travaillant dans le milieu handicapé sait faire sans ces petits abus de pouvoir sa-diques. C’est très souvent très « petit » et un condensé de sadisme. Ceux qui résistent à cet instinct (les plus appréciés du milieu handicapé pour leur Vraie indifférence, leur confiance en l’autre) n’ont, eux, jamais de poste de direction. Les directions de ces administrations sont souvent les plus cyniques, mais ça, ce n’est pas exclusif au milieu du handicap…

Pierre Grand