Fini les colères injustifiées, les doutes, moi-même qui disais que Christelle n’avait pas con-fiance en moi. Nous sommes lents à comprendre : elle pourquoi je lui demande de me faire con-fiance, moi que Christelle m’aime, si simplement. Tout est rentré dans l’ordre par un geste réparé (même si une curatelle ne « rend » jamais de l’argent volé car son terme « rembourser » con-cerne Christelle et la curatelle a failli me le « prendre » et le lui « donner » sans jamais se justifier, mais, ça c’était déjà la première histoire des six mille deux cents euros… une autre histoire). 

Conclusion

Christelle, si elle ne va pas se plaindre au commerce de proximité dont elle vient de partir, mériterait de toucher l’indu de six mille deux cent vingt euros de la part de l’AT. Cette suspicion pour la maison lui a fait trop mal, j’ai craqué, je préfère bien sûr que cela soit à l’écrit que gestuel, et il faut qu’on décompresse.

Moi, je sais qu’à chaque fois que j’y vais, je sens des reproches pour ses choix en ma présence comme en mon absence, qu’elle m’impose, un peu comme quand elle m’a donné l’ordre de faire un colis, en moins fort bien sûr, mais malheureuse-ment, le résultat de ceux-ci. Il y a donc une très grande dépendance autour de Christelle, dépendance d’eux et de ses décisions, celles-ci compliquées par une curatelle, car Kiki en prend difficilement.

Je ne lui ai jamais donné d’ordre, mais lui ai toujours expliqué la raison des choses.

Des preuves de confiance, en fait, nous nous en faisons toujours mutuellement et le doute sur nos potentiels, nous en avons tous, à tort. « On est très capables tous les deux de savoir comment on doit répartir nos sous ».

Christelle, c’est ma Kiki, c’est un peu une femme enfant : me comprenant, hier, elle est restée à son tour attendre que le chaton rentre avant de se coucher. 

« Le gamin », malin, patientait que je me relève en sortie de bain au bout d’une demi-heure de somnifère. 

Je ne voulais pas qu’il décale ma Kiki et la fasse progressivement se coucher à six heures du matin, que la deuxième joue qui le couvre (il s’appelle Bi-joues) prenne le relais. Un couple qui se complète bien, en fait, ce sont bien deux joues tendres.

 

Moi, j’écris. Kiki, qui rentre contente d’avoir trouvé de nouveaux articles alimentaires (pas donnés 😊) ou de s’être confiée à sa caissière préférée, attaque les tartines à la mousse de thon. Cela m’amuse plutôt de la voir si excitée, car je lui avais dit : « Ne me casse pas du Pierre sur le dos ! » Comprenez, du sucre…

J’avoue que je la savoure aussi, cette mousse de thon, avec ce pain frais.

Je donne sa friandise à Bi-joues qui, sage sur la table, nous regarde manger.

Avec Kiki, on lui disait (au malin) qu’elle ne lui cède pas, même si moi, je cède.

Bi-joues cherche un endroit où se coucher, il choisit le fauteuil roulant encombré de « sa ma-man ».

Elle le taquine et l’appelle « le chieur », tout en libérant son fauteuil.

Bi-joues descend alors et Kiki se moque de lui : 

« Tu ne peux pas aller sur ta couverture ? » 

Je lui dis qu’elle est sur la chaise ou dans le linge propre.

Kiki rigole avec moi : qui « fera » le service ?

Bi-joues vient m’empêcher de travailler.

Je lui dis en plaisantant : « Il est “chieur”, ton fils ! » Elle et moi rigolons de plus belle : nous sommes d’accord que notre « garçon » nous ressemble.

À l’unanimité : « C’est un enquiquineur comme ses maîtres !! »

(Ce que nous ne savons pas, c’est que le lendemain, il compte nous rapporter une souris au petit déjeuner pour se faire pardonner…)

Au début du journal, je disais qu’il y avait une affaire à élucider, cette voix sèche de la doctoresse qui avait rapidement changé, après qu’elle est sortie de la salle quelques instants. Je comprends quand je vois Christelle faire la photo de couverture, et je lui dis qu’elle est géniale. 

Cette voix que j’employais avec Christelle en le lui disant, c’est bien la voix d’une personne aimante.

 

Entre Christelle, madame Coul, madame De-ferre ou Margareth Thatcher, c’est Christelle qui mérite le paradis, même et surtout si Dieu est Aimant !

Je donne son laissez-passer à madame Coul, car elle a su s’adapter, c’est donc… cool et elle ne m’a jamais paru si méchante, tout bien réfléchi ! Inconsciente peut-être, mais qui ne l’est pas une fois dans sa vie… 

Je pense à nos dignités, tous interlocuteurs et nous avons chacun su la récupérer ou la garder.

Ce sont là deux lettres : (je vous aime) et (dans la dignité).

Pierrot

Damien siobuD