Son art

Le moteur de sa carrière est sa femme, les catalyseurs : une femme et amie Facebook jamais rencontrée du Nord-Est de la France qui découvre et lui avoue son talent, quand il décrit leurs amitiés « sur l’écran bleu de ses nuits blanches ». Elle décède sans avoir vu naître le premier livre, c’est un ami québécois qui le soutient assidûment après une rencontre professionnelle sur LinkedIn. Le courant passe, Neimad ne s’attache pas plus que cela à l’approche physique, l’abstraction partant d’un support solide qui lui réussit. Dans son esprit, l’habitude et l’accoutumance à l’être matérialisé est prépondérante, mais lui, comme le fait Christiane, souhaite, déjà et aussi, bien vivre les souvenirs, mais d’abord le présent.

Au présent, Damien se lie d’amitiés proches ou lointaines, correspondant et échangeant plus à l’écrit. C’est ce qu’il décrit dans Ex-time & In-time : l’humain debout, partant d’une forme ex-time pour se rapprocher de l’intime.

Neimad, de longue date, a un attachement au présent, après s’être trop inquiété de l’avenir. Ce besoin de regarder loin devant, de leurs propres positions, unit Christiane et Damien, Christiane regardant le temps et Damien l’espace. Son attachement au présent vrai et intense le fait écrire, empiétant sur les nuits, chassant ainsi ses angoisses de l’avenir.

Damien ne tient pas à la fiction, mais Neimad aurait envie de décrire un futur détachement de l’oligarchie planétaire, de son peuple, voire de sa planète, gardant des ponts plus ou moins visibles. Il va imaginer même que ce n’est pas forcément le premier, que de faux dieux régentent le monde et sont eux-mêmes dirigés, pas forcément du même univers. Le visionnage au cinéma du film Star Trek, où le vaisseau revient vers un point originaire d’une émission radio et où, à la fin, l’émetteur, entièrement disparu, serait la Terre, lui fait imaginer que la Terre n’est pas obligatoirement la première et dernière planète régentée d’« ailleurs ».

Cependant, pour ne pas déborder trop tôt avec son imaginaire fertile, dont il se méfie, il com-mence dans ses premiers livres à rédiger des té-moignages romancés, convaincu depuis 2008 que les fictions apportent de nos jours plus de données malsaines, donc des appauvrissements, qu’une réelle construction de vie sur des bases sûres.

Dans ses quatre livres, il se contente de témoignages (bien sûr romancés), n’émettant que peu d’hypothèses.