III - Les fictions

— Paddy : « Oh, pour moi qui fus un lecteur de SF et de fantasy, je sais qu’il y a de belles fictions… »

— Oui, je viens d’en lire une sur un livre audio, mais ces romances exagèrent les aspects (les sœurs Barbarin, par exemple, dans le livre d’Éric-Emmanuel Schmitt, pourtant des jumelles) : sans le faire exprès, pour le lecteur de Ma plume à Pierrot, j’ai cassé du sucre sur le dos de mon père, qui n’est pas un monstre. Un livre occulte les autres histoires, mon père a son histoire qui le justifie.

Un livre, un texte, comme le faisait Einstein en mathématiques, peut donner une version comme dire son contraire, l’inverse, peut-être même tout l’inverse, cela dépend de comment on relie les choses entre elles et à quoi on les relie, « ça change la formule ».

Le meilleur exemple en est la Bible, que l’Église est obligée d’adapter pour lui donner son sens, au moins « du » sens avec le monde et la langue qui évoluent.

Dans ce grand roman, si on va en l’analysant, on peut dire que « Judas a le second premier rôle », mais on ne sait rien de Judas. Ce n’est qu’un best-seller qui a donné lieu à des autodafés, peut-être même à des pogromes.

Tu voulais dire quoi par SF ?

— Science-fiction.

— J’étais justement en train de parler fiction, la Bible n’est-elle pas une belle fiction (le plus grand succès en Occident qu’on ait choisi de suivre : une culture) ?

Je te laisse, Paddy, n’ai aucune idée de ta réponse, de mon côté, supposer qu’on va être obligés de parler culture et me dire que la science-fiction est la nouvelle culture, la nouvelle bible me rassure, puisque dans les deux cultures, les forces du bien se suivent et continuent.

 

La science et la science-fiction

La science est la culture qui domine, se propage, détruit sur son passage beaucoup de cultures existantes et peut-être de leurs connaissances, de leurs savoir-faire.

Un peuple autochtone de l’Amazonie a le bénéfice et l’avantage d’avoir un corps robuste qui crée des immunités aux maladies, aux insectes… D’accord pour copier leur sang (quoique, de quel droit une culture volerait celle de l’autre pour peut-être après la détruire, la force ?), mais pas pour détruire leur environnement, qui est peut-être la source de leur immunité ; détruire leur milieu et en même temps leur peuple : un génocide, même s’ils ne sont pas nombreux.

Voilà notre monde « scientifique » qui s’intéresse à la science-fiction, à la prévention alors que cette nouvelle religion détruit à grand fracas au présent et que ce peuple qui idolâtre cette science s’en inquiète, dit-il, alors que le réel, le drame se déroule au présent et qu’il est étouffé par des fictions. Ce n’est vraiment rien de sérieux : 50 millions de fichiers Facebook vendus, qu’est-ce en regard de cette grande surface de santé, cette bibliothèque de la nature qu’est l’Amazonie.

« L’Amazonie, ça me fait une belle jambe, me direz-vous, ce soir je vais manger du bœuf brésilien en steak tartare. »

« Oui, je vois… brésilien… steak… tartare… vous compter le manger sur le dos d’un éléphant d’Asie ou d’Afrique ? »

Voilà donc toute notre science répandue sur toute la planète, notre science, la plus forte, celle qui gagne.

 

Eh bien, des fictions, la plus forte, la plus réelle gagnera puisqu’on n’est pas foutus de s’intéresser au présent : le présent devance l’avenir. C’est mon point de vue, le présent a sa place avant l’avenir en matière d’action, ne pas remettre au lendemain ce qui Doit être fait le jour même !